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L'analyse d'images vidéo pour améliorer la sécurité routière
Pr Nicolas Saunier, Département des génies civil, géologique et des mines
Au carrefour, souriez, vous êtes filmés ! Et c’est pour la science et la sécurité routière. Le Pr Nicolas Saunier installe en effet des caméras vidéos sur des sites sensibles du point de vue de la sécurité routière tels que les carrefours, et il analyse les images obtenues dans le but d’évaluer les risques de collisions.
Des algorithmes lui permettent d’extraire automatiquement de ces images des indicateurs de sécurité, comme le « temps à la collision ». Celui-ci exprime, à un instant donné, le temps qui sépare deux usagers (conducteurs, piétons ou cyclistes) d’une collision, si aucun des usagers ne modifie sa trajectoire. Compte tenu du temps de perception-réaction des sujets, plus le temps à la collision est court, plus le risque de collision est élevé. Cette méthode est utilisée pour comparer les observations avant et après un aménagement visant l’amélioration de la sécurité, de manière à mesurer l’effet précis de cet aménagement, en supposant que toutes les autres conditions sont demeurées similaires.
Le chercheur, qui collabore avec le Pr Luis Miranda-Moreno, de l’Université McGill, a, par exemple, réalisé une étude sur les « sas pour vélos », des espaces peints où les cyclistes peuvent se placer devant les voitures à la ligne d’arrêt d’un carrefour. « Nous avons constaté un impact plutôt positif, explique le Pr Saunier. Soit une réduction des infractions, notamment celles qui impliquaient des situations dangereuses. L’étude montre qu’avec cet aménagement, les cyclistes augmentent leurs marges de sécurité avec les véhicules motorisés. »
L’analyse vidéo permet aussi d’estimer de façon plus précise le temps nécessaire pour traverser une rue à pied. « On peut évaluer quelle proportion de la population, comme les enfants ou des personnes à mobilité réduite, peut être mise en danger selon le temps alloué pour traverser. »
La prochaine étape? Des images captées par des drones. « Nos caméras ont un angle assez faible par rapport à la route, ce qui présente des risques de masquage entre les usagers. Un drone qui filme au-dessus d’un carrefour nous donne une image globale de la situation, sans interférence. »