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Récit d’un trek géologique dans l’Himalaya
Félix Gervais est peut-être revenu du Népal il y a près d’un an, le souvenir du trek géologique de trois semaines qu’il y a mené n’en demeure pas moins très frais dans son esprit. Le professeur au Département des génies civil, géologique et des mines à Polytechnique Montréal l’a démontré le 28 février dernier à l’occasion d’une conférence qu’il donnait sur le sujet à la Galerie Rolland.

S’appuyant sur des photos et des vidéos captées au cours de son ascension, M. Gervais a relaté durant près d’une heure les dessous de l’expédition qu’il a réalisée avec le professeur Kyle Larson de l’UBC-Kelowna en mars dernier.
Le duo avait pour ambition de détacher du flanc du mont Nuptse, culminant à 7 861 mètres à l’ombre de l’Everest, des spécimens de granite, véritables gardiens de l’histoire de la formation des montagnes de l’Himalaya. Et ils y sont parvenus. À environ 5 400 mètres d’altitude.
Du granite venu des tréfonds
Si le chercheur et son compatriote sont allés à l’autre bout du monde pour extraire du granite, c’est parce qu’ils espèrent que celui-ci permettra de mieux comprendre comment les montagnes de l’Himalaya se sont formées. Une histoire qui se déroule encore aujourd’hui, géologiquement parlant, la plaque indienne s’enfonçant depuis 50 millions d’années dans la plaque eurasienne pour engendrer la grande chaîne de montagnes.
Étudier la formation de l’Himalaya pourrait aussi permettre de mieux comprendre la géologie de chaînes de montagnes beaucoup plus anciennes, notamment celle des Laurentides, terrain de jeu de prédilection du professeur de Polytechnique. Connue aussi sous le nom de « Province de Grenville », elle était, croit-on, aussi grande que l’Himalaya voilà 1 milliard d’années.
Félix Gervais et son collègue Kyle Larson s’intéressent à un modèle de formation des montagnes baptisé « fluage chenalisé », ou « channel flow » en anglais. Ce modèle explique comment du granite se retrouve près du sommet des montagnes, bien qu’il ait été formé à l’origine à plus de 25 kilomètres sous celles-ci. Selon les chercheurs, la roche métamorphique et le granite auraient remonté des profondeurs de la terre alors qu’ils se trouvaient toujours dans un état de fusion partielle. Ils se seraient ensuite incrustés dans les fissures pour « s’écouler » jusqu’à la surface.
Les deux chercheurs s’affairent maintenant à quantifier l’âge des cristaux emprisonnés dans la douzaine de spécimens de granite qu’ils ont rapportés de leur périple. En comparant ces données à celles obtenues par d’autres collaborateurs, le duo espère compléter l’immense casse-tête géologique auquel il s’est attaqué.
La conférence, qui a attiré une centaine de curieux, a également été retransmise en direct sur YouTube (voir ci-dessous) :
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Fiche d'expertise sur le professeur Félix Gervais
Site du Département des génies civil, géologique et des mines