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INAUGURATION DU CREDEAU - Le Québec et le Canada se dotent de nouvelles capacités analytiques en technologies de traitement des eaux pour traquer les contaminants émergents et préserver la qualité de l'eau

10 avril 2008 - Source : NOUVELLES
C'est en présence d'élus municipaux des villes de Montréal et de Laval, du député fédéral d'Outremont, M. Thomas Mulcair, ainsi que des partenaires universitaires, industriels et gouvernementaux, que le directeur de la recherche et de l'innovation de l'École Polytechnique de Montréal, M. Gilles Savard, a inauguré le Centre de recherche, développement et validation des technologies et procédés en traitement des eaux (CREDEAU), en compagnie des 11 professeurs à l'origine du projet.

Fondé en 2003, le CREDEAU offre une plateforme technologique unique au Canada qui permet de tester et de valider la plupart des technologies de traitement des eaux, aussi bien en laboratoire qu'au niveau banc d'essais et pilote semi-industriel. Le Centre est fondé sur une collaboration entre cinq universités (École Polytechnique de Montréal, École de technologie supérieure, Université du Québec à Montréal, Université McGill, INRS-Institut Armand-Frappier) et bénéficie de subventions totalisant 12,5 millions de dollars provenant de la Fondation canadienne pour l'innovation (5 millions de dollars), du ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport (5 millions de dollars) et de partenaires industriels (2,5 millions de dollars), dont les entreprises John Meunier inc. et Degrémont Technologies.

Des capacités analytiques remarquables
Les nouveaux équipements dont bénéficie le CREDEAU permettent aux chercheurs de détecter et d'identifier divers contaminants émergents, comme les composés pharmaceutiques qui se retrouvent en concentration croissante dans les eaux. « Pour contrôler les contaminants, il faut d'abord être en mesure de les voir.  Les outils analytiques que nous venons d'acquérir sont comparables à de nouvelles lunettes avec lesquelles nous pouvons analyser et éventuellement contrôler des polluants que nous n'arrivions pas auparavant à détecter ou à quantifier de façon précise », souligne Raymond Desjardins, professeur titulaire au Département des génies civil, géologique et des mines de l'École Polytechnique de Montréal et directeur du CREDEAU. « Prenons l'exemple des toxines algales,  ces contaminants toxiques libérés par les algues bleues qui prolifèrent dans les eaux du Québec. Grâce aux équipements dont nous disposons, nous sommes maintenant en mesure de quantifier et d'analyser les toxines présentes dans plusieurs plans d'eau et, ultimement, de nous assurer qu'elles ne se fraient pas un chemin jusqu'à l'eau du robinet.  Nos chercheurs s'attaquent ainsi à divers problèmes émergents, tels que les microorganismes résistants à la désinfection, les perturbateurs endocriniens et les infrastructures enfouies, problématiques pour lesquelles nous ne disposons pour l'instant  que d'informations fragmentaires.  Notre connaissance des risques causés par les substances déversées dans l'eau se raffine. Sans être alarmiste, je dois toutefois dire que les dernières découvertes montrent qu'il est impératif de maintenir la cadence des recherches dans ce domaine. »

En outre, comme le souligne Gilles Savard, directeur de la recherche et de l'innovation de l'École Polytechnique, « nos équipes de recherche ont maintenant la possibilité de valider techniquement et économiquement des technologies innovantes en traitement des eaux à différentes échelles et d'en assurer le transfert technologique vers les utilisateurs ». En effet, dans le cadre du CREDEAU, les chercheurs ont notamment fait l'acquisition de trois unités pilotes mobiles de traitement des eaux que l'on peut comparer à de véritables usines de traitement  sur roues.  Hautement instrumentées, complètement automatisées et d'une flexibilité exceptionnelle, les unités mobiles permettent de valider in situ et à l'échelle pilote un grand nombre de traitements et de combinaisons de procédés en fonction des variations de la qualité d'eau brute. « L'une de ces unités est présentement installée à l'usine Atwater. Nos chercheurs et leurs étudiants y testent depuis un an divers procédés. Les résultats de ces recherches permettront aux autorités de la ville de Montréal de faire des choix éclairés dans le dossier de la mise aux normes de l'usine », souligne le Pr Desjardins.

Unité pilote mobile de traitement des eaux présentement installée à l'usine Atwater.
Crédits : Ville de Montréal/Eric W. Schaeffer


« La Fondation canadienne pour l'innovation (FCI) est fière de contribuer à l'avancement du savoir et de rehausser la qualité de la recherche et de la formation dans ce domaine crucial qu'est le traitement des eaux », a souligné le Dr Eliot Phillipson, président-directeur général de la FCI . « Notre contribution financière au CREDEAU correspond en tous points à notre mission . »

Un lieu de synergie
Bien plus qu'un assemblage d'équipements, le CREDEAU est avant tout un lieu de synergie pour les principales ressources humaines du traitement des eaux. Les onze chercheurs fondateurs du Centre possèdent des compétences établies dans les domaines du traitement de l'eau potable et des eaux usées et sont reconnus à l'échelle internationale : Raymond Desjardins, Michèle Prévost, Benoit Barbeau, Yves Comeau, Paul Stuart, Christophe Guy (École Polytechnique de Montréal); Robert Hausler (École de technologie supérieure); René Roy, Mircea Mateescu (UQÀM); Ronald Gehr (Université McGill); Pierre Payment (INRS - Institut Armand-Frappier).

En regroupant dans un même centre des chercheurs qui se penchent sur les eaux usées et d'autres qui s'intéressent au traitement et à la distribution de l'eau potable, le CREDEAU favorise une compréhension intégrée des problématiques et augmente l'efficacité des interventions en matière de protection de l'eau.
Outre les professeurs-chercheurs, le Centre regroupe plus d'une centaine de personnes : associés de recherche, équipes de laboratoire et de terrain, techniciens, collaborateurs universitaires et étudiants aux cycles supérieurs.

Les membres industriels principaux du CREDEAU sont les firmes John Meunier inc. et Degrémont Technologies, qui sont respectivement associées à Veolia Environnement et Suez, leaders mondiaux des services liés à l'environnement. John Meunier inc. et Degrémont Technologies mènent diverses activités de recherche, de développement, de conception et de fabrication de technologies environnementales. Elles desservent des municipalités et des industries nord-américaines en leur offrant des solutions innovantes pour le traitement de l'eau. Leur association au CREDEAU permet un accès privilégié à un réseau international de centres d'excellence et de laboratoires analytiques de pointe.

Trois villes bénéficient déjà de l'expertise du CREDEAU
Les projets de recherche menés par les équipes du CREDEAU permettent d'appuyer les décisions des autorités, notamment dans la mise à niveau des usines de traitement des eaux. La Ville de Montréal, qui investira en vingt ans près 4 milliards de dollars dans l'ensemble de ses infrastructures de l'eau, dont 300 millions seront consacrés à la mise aux normes de ses usines de production d'eau potable, est l'une des municipalités à bénéficier des travaux de pointe menés par les chercheurs du CREDEAU, au même titre que les villes de Laval et de Saint-Hyacinthe.

Laval et Montréal desservent plus de 2 millions de citoyens à partir de 10 usines de traitement de l'eau potable de sources représentatives de la qualité des eaux de surface canadiennes (fleuve St-Laurent, lacs St-Louis et des Deux-Montagnes, rivières des Outaouais, des Mille-Îles et des Prairies). La station d'épuration des eaux usées de la ville de Montréal traite un volume d'eau représentant 50 % des eaux usées traitées du Québec. Sa capacité, d'environ 2,5 millions de m3 par jour, en fait la plus importante station de traitement physico-chimique en Amérique. Au coeur de la Montérégie et à proximité de Montréal, Saint-Hyacinthe est le centre d'une vaste région agricole et d'industries agroalimentaires. La station d'épuration de la ville de Saint-Hyacinthe a été mise en service en 1987 et dessert une population d'environ 50 000 personnes.

Formation d'une indispensable relève
Les besoins de personnel hautement qualifié (PHQ) dans le domaine du traitement de l'eau sont importants, tant au Québec, au Canada, qu'à l'international.  La présence de polluants émergents et la mise en place de nouvelles normes entraînent des investissements majeurs dans plusieurs villes, et on assiste à une pénurie de main-d'oeuvre qualifiée dans ce domaine. Ce n'est donc pas un hasard si la formation de personnel qualifié est l'une des priorités énoncées par le CREDEAU. À l'heure actuelle, plus de 70 étudiants aux cycles supérieurs poursuivent des travaux au Centre sous la supervision de l'un des chercheurs fondateurs. Soulignons que les cinq universités participantes desservent plus de 55 % du bassin québécois et 10 % du bassin canadien d'étudiants aux cycles supérieurs en génie de l'environnement (civil et chimique).  « La création du CREDEAU nous apporte la preuve irréfutable de la nécessité d'investir dans nos établissements postsecondaires et dans la recherche de pointe. Innovation, recherche et transfert des connaissances sont des éléments clés du développement de notre société. En outre, les travaux qui seront effectués au CREDEAU profiteront directement au bien-être et à la santé de la population. Je suis donc fière de la participation financière de 5 millions de mon ministère à ce magnifique projet », a déclaré la ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport et ministre de la Famille, Mme Michelle Courchesne.

Site Web du CREDEAU : www.polymtl.ca/credeau

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