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Deux experts de Polytechnique Montréal participent à un rapport pancanadien sur l'avenir énergétique
Catherine Morency et Normand Mousseau font partie des cosignataires du rapport « Rebâtir le système énergétique canadien : vers un avenir sobre en carbone », commandé par Ressources naturelles Canada, qui a été rendu public le 25 mai 2017.
Catherine Morency, professeure titulaire au Département des génies civil, géologique et des mines de Polytechnique Montréal, ainsi que Normand Mousseau, directeur académique de l’Institut de l’énergie Trottier, ont en effet ajouté leur voix à celles des 71 chercheurs universitaires canadiens ayant pris part bénévolement à la rédaction de ce rapport. Les professeurs Jean Leclair et Hugo Tremblay, de l’Université de Montréal, y ont également participé.
Réunis à travers l’entité Dialogues pour un Canada vert (DCV), des scientifiques, des ingénieurs et des spécialistes en sciences sociales se sont penchés sur les mesures à prendre pour assurer la transition du pays vers des énergies à faible teneur en carbone, sans miner sa compétitivité à l’échelle mondiale. Ainsi, le rapport de 60 pages rend compte d’un point de vue scientifique indépendant.
Le document est présenté dans le cadre de Génération Énergie, un dialogue pancanadien initié par Jim Carr, ministre des Ressources naturelles du Canada, visant à consolider les idées de tous pour définir l’avenir énergétique du pays.
Un virage à amorcer, une transition à accélérer
Les auteurs du rapport soulignent que la baisse de la demande de combustibles fossiles au cours des décennies à venir pourrait diminuer considérablement les investissements de l’étranger dans le secteur pétrolier et gazier. Ainsi, le Canada, actuellement pays producteur de pétrole, devrait opérer un virage et s’employer à devenir un chef de file en énergies renouvelables dans le monde, croient les signataires du rapport.
De même, selon les auteurs, le Canada doit accélérer la transition vers une économie sobre en carbone en réduisant la demande énergétique globale grâce à la maximisation de l’efficacité énergétique et de la conservation de l’énergie, en augmentant l’électrification au moyen de sources d’électricité à faibles émissions de carbone et en remplaçant progressivement les combustibles pétroliers à teneur élevée en carbone par des combustibles à faible teneur en carbone.
Une démarche en trois temps
Les universitaires qui ont produit le rapport envisagent la décarbonisation comme un périple en trois temps : la préparation (2017‑2020), les premiers pas de la mise en œuvre (2020‑2030) et la décarbonisation profonde (2030‑2050).
« Il est essentiel, dans un premier temps, de mettre en place les structures et les modes de fonctionnement qui assureront que les programmes, les décisions et les investissements livrent les résultats attendus », affirme Normand Mousseau, l’un des auteurs principaux du rapport.
L’élaboration d’une vision commune de l’avenir et la création d’institutions qui veilleront à la réalisation de la transition sobre en carbone constituent les étapes clés de la phase préparatoire. Une fois cette étape franchie, les premiers pas de la mise en œuvre devraient permettre aux Canadiens de choisir, parmi les options énergétiques de l’avenir, l’éventail le mieux adapté à leur coin de pays. Afin d’accélérer la décarbonisation, les politiques énergétiques retenues devraient s’inscrire, pensent les auteurs, dans une « stratégie de développement sobre en carbone » plus vaste reposant sur l’utilisation de la richesse exceptionnelle du Canada en énergies renouvelables comme formidable moteur économique pour le pays.
Le périple vers la décarbonisation profonde – qui permettrait au Canada d’être à la hauteur de ses engagements internationaux en réduisant ses émissions de gaz à effet de serre d’au moins 80 % sous le niveau de 2005 d’ici 2050 – commence dès aujourd’hui. « Pour ce faire, nous devons demeurer à l’affût des sources de GES sur lesquelles nous pouvons agir sans délai, adopter des politiques qui nous permettront de réduire les émissions rapidement et modifier le cadre réglementaire chaque fois qu’il le faut dans le but d’accélérer la décarbonisation », estiment les spécialistes ayant produit le rapport.
À long terme, les auteurs du rapport s’attendent à une hausse de la demande mondiale d’énergie sobre en carbone et à un effritement de la demande mondiale de combustibles fossiles. À cet effet, ceux-ci ont un message porteur d’espoir, car « moyennant une planification judicieuse et la mise en place précoce de mesures de soutien, la transition pourrait se faire sans heurts, voire se révéler salutaire pour les travailleurs et les collectivités. »
Catherine Morency est professeure titulaire au Département des génies civil, géologique et des mines de Polytechnique Montréal. Également, elle est titulaire de la Chaire de recherche sur l'évaluation et la mise en oeuvre de la durabilité en transport (Chaire MOBILITÉ), qui est vouée à la recherche, l'expérimentation et le développement méthodologique visant à soutenir l'évaluation des contributions des projets, des politiques et des plans de transport au développement durable.
L’Institut de l’énergie Trottier, établi en 2013 à Polytechnique Montréal, a pour mission de former une nouvelle génération d’ingénieurs, de scientifiques et d’innovateurs ayant une compréhension systémique des enjeux technologiques, économiques et sociaux qui sont propres au domaine de l’énergie. Cet institut promeut la recherche de solutions durables qui permettront d’assurer l’avenir énergétique du Québec, du Canada et de la planète. Également, il soutient la génération de connaissances et l’innovation dans le domaine énergétique afin d’aider à relever les défis auxquels la société fera face au cours des prochaines décennies.
Catherine Morency, professeure titulaire au Département des génies civil, géologique et des mines de Polytechnique Montréal, et Normand Mousseau, directeur académique de l'Institut de l'Énergie Trottier.
En savoir plus
Version intégrale du rapport « Rebâtir le système énergétique canadien : vers un avenir sobre en carbone »
Résumé du rapport
Fiche d’expertise de Catherine Morency
Site de l’Institut de l’énergie Trottier