
Le Magazine de Polytechnique Montréal
Une étudiante entre ciel et terre

Maëlle Mathieu, étudiante en quatrième année de génie aérospatial, réalise ses rêves avec détermination. Fascinée depuis toujours par l’espace, elle en fait aujourd’hui son terrain de jeu, mêlant rigueur technique et aventures humaines.
CubeSat : la conquête de l’espace commence ici
Maëlle s’implique dans l’équipe de PolyOrbite depuis trois ans : « En tant qu’étudiante française, c’était une façon de faciliter mon intégration à Polytechnique », souligne-t-elle. Elle y a dirigé le projet CubeSat, un satellite miniature, pendant un an et demi. Ce projet, qui se rapproche de plus en plus de son lancement dans l’espace, lui a donné l’occasion d’expérimenter de véritables technologies spatiales, tout en renforçant son goût pour la collaboration. « Cette expérience m’a permis de vivre de riches moments humains, tout en développant mes connaissances techniques. Je pense qu’elle prépare à des défis concrets qu’on pourra rencontrer dans l’industrie aérospatiale, si, comme moi, on souhaite travailler dans le domaine des satellites », confie-t-elle.
Des briques réutilisables pour bâtir sur la Lune
Maëlle vit également une expérience exceptionnelle en travaillant sur un projet audacieux aux côtés de la professeure Pooneh Maghoul au sein d’Astrolith : la conception de briques réutilisables en régolithe, la poussière du sol lunaire, imprimées en 3D. Ces briques sont destinées à la construction de futures installations sur la Lune. « J’ai eu connaissance de ce projet en lisant une publication de la Pre Maghoul, qui annonçait rechercher un doctorant ou une doctorante. Bien qu’étant au bac, je l’ai sollicitée pour obtenir une place dans son équipe, tant ce projet m’intéressait », mentionne Maëlle.
Le projet n’a pas qu’une portée technique, il ouvre la voie à une réflexion plus large sur la manière dont les technologies futures pourront être utilisées pour bâtir des bases durables sur d’autres planètes. « Faire de la recherche sur des idées encore inexplorées offre une liberté extrêmement stimulante », témoigne l’étudiante, qui a eu, grâce à cette expérience, l’occasion de signer des articles scientifiques et de s’initier aux rouages de la recherche universitaire.
Une immersion révélatrice
L’été dernier, grâce à une bourse offerte par l’Agence spatiale française, le CNES, Maëlle a pu vivre une autre aventure hors du commun, au cœur de l’industrie spatiale américaine : elle a eu la chance de participer au programme Summer Space Studies de l’International Space University, à Houston. Entourée de 155 étudiants et professionnels du monde entier, elle a ressenti le pouvoir unificateur des projets spatiaux.
« Nous avons suivi pendant trois semaines des cours donnés par des experts de l’industrie : ingénierie, droit, politique, économie, gestion des ressources humaines, etc., tous en lien avec l’espace. Ensuite, nous avions à vivre une expérience plus pratique dans un autre domaine que le nôtre, avec à la clé des ateliers sur des thématiques variées et des visites industrielles, notamment à la NASA. J’ai choisi le domaine des sciences spatiales », raconte-t-elle.
Dans les dernières semaines du programme, Maëlle a fait partie d’une équipe multidisciplinaire d'une cinquantaine de membres chargée d’étudier la Gateway Station, une station spatiale en orbite autour de la Lune. Le travail portait sur ses potentiels usages pour de futures missions sur Mars et s'est conclu par un rapport de 150 pages rédigé par l'équipe.
Une telle expérience interdisciplinaire, parmi des personnes issues de cultures et de milieux très différents, a été révélatrice pour Maëlle. « L’espace concerne tout le monde et tous les domaines, pas seulement l’ingénierie. C’est impressionnant de réaliser ça », explique-t-elle, encore émerveillée.
Pour l’avenir, Maëlle hésite encore entre poursuivre ses études de maîtrise, soit à Polytechnique, soit en Europe, ou bien entrer directement dans l’industrie des satellites. Quoi qu’il advienne, ses rêves de conquête spatiale continueront de grandir, un projet à la fois.