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Un bouillonnement d’innovations chez Hydro-Québec

Point de vue de diplômé

Par Catherine Florès
11 avril 2022 - Source : Magazine Poly  | VersionPDFdisponible (Printemps 2022)

Éric Filion, Vice-président exécutif, Chef de l’exploitation et de l’expérience client d’Hydro-Québec

Éric Filion, vice-président exécutif, chef de l’exploitation et de l’expérience client chez Hydro-Québec

Une vocation précoce

Du haut de ses cinq ans, Éric Filion avait une certitude : plus tard, il deviendrait ingénieur, comme son père et ses oncles. Au fil des années, sa conviction ne faiblit pas : au moment de choisir son programme de baccalauréat, il entre au Collège militaire pour étudier en génie mécanique. Il obtient son diplôme d’ingénieur en 1994. « J’ai vécu un moment marquant lors de la cérémonie où j’ai reçu mon jonc des mains de mon père, se souvient-il. J’étais fier d’avoir choisi une profession qui ouvre énormément de portes mais qui, surtout, permet d’apporter du changement à la société. »

Envol professionnel dans l’aéronautique

Le secteur qui l’attire alors est l’industrie aéronautique. Il décide de poursuivre ses études à Polytechnique en optant pour une maîtrise avec cours (professionnelle) en génie aérospatial. Il apprécie l’approche pratique de ce programme effectué en partenariat avec l’industrie, qui constitue une bonne préparation à sa future carrière. Après l’obtention de sa maîtrise en 1996, il réalise un brillant parcours d’une vingtaine d’années au sein de grands noms de l’industrie, tels que CAE Électronique, Pratt & Whitney Canada ou encore Bombardier. Il fait notamment sa marque dans les transformations organisationnelles visant l’amélioration de la performance et l’optimisation de l’expérience client.

Changement de secteur

En 2016, Éric Filion quitte son poste de vice-président directeur général chez Bombardier et entre chez Hydro-Québec comme vice-président – Clientèle. Deux ans plus tard, il est nommé président d’Hydro-Québec Distribution et se voit confier la responsabilité des services partagés en 2020, puis de l’approvisionnement stratégique l’année suivante.

« J’ai fait le saut vers le secteur de l’énergie pour vivre un nouveau défi professionnel et personnel. Entrer chez Hydro-Québec, une société d’État et un des plus beaux fleurons du Québec, me permettait de servir l’ensemble de la société. Et moi qui aime les défis, l’innovation et le changement, je suis comblé », déclare ce gestionnaire qui excelle à motiver ses équipes à déployer leur plein potentiel.

Au cœur des enjeux énergétiques du Québec

Le Québec s’est donné l’objectif de décarboner son économie et de s’affirmer comme chef de file nord-américain en énergie renouvelable et en efficacité énergétique d’ici 2030. Hydro-Québec est naturellement le fer de lance de cette transition. « Grâce au courage et à la vision de nos bâtisseurs, la quasi-totalité de l’électricité produite au Québec provient de sources d’énergies renouvelables, rappelle M. Filion. Toutefois, l’électricité, actuellement, ne représente pas plus de 40 % de la consommation énergétique du Québec. Nous devons électrifier certains secteurs, dont les bâtiments et les transports, encore trop dépendants des hydrocarbures. Autre grand défi  à relever :  diminuer la consommation énergétique des Québécois, une des plus importantes au monde. Sans compter la nécessité de faire évoluer les normes pour réduire les pertes énergétiques dans les bâtiments. »

Ces objectifs donnent lieu à des projets complexes et passionnants pour les ingénieurs d’Hydro-Québec : « Par exemple, le passage à un mode énergétique intelligent, grâce à notre partenariat avec Énergir, qui vise à diminuer d’au moins 70 % la consommation de gaz naturel des bâtiments résidentiels, commerciaux et institutionnels visés, au meilleur coût pour la société, explique M. Filion. Ce projet vise le remplacement de systèmes de chauffage fonctionnant uniquement au gaz naturel par des systèmes hybrides permettant de chauffer les bâtiments à l’électricité la majeure partie de l’année et de passer au gaz seulement lors des pointes de consommation hivernales, pour alléger la pression sur le réseau électrique. »

Les nouvelles technologies jouent un rôle essentiel dans la transformation énergétique du Québec en permettant le jumelage de l’énergie provenant de l’hydroélectricité avec des énergies solaires, géothermiques ou éoliennes, souligne M. Filion. Il évoque également des projets de microréseaux pouvant fonctionner, au besoin, de façon autonome, comme celui installé à Lac-Mégantic. « Nous avons intégré plusieurs technologies propres, telles que des panneaux solaires, des dispositifs de stockage et des outils de gestion intelligente de consommation énergétique des bâtiments. Ce projet phare présente une forte valeur communautaire, car les responsables des bâtiments participants peuvent échanger sur leurs expériences et codévelopper les meilleures pratiques d’utilisation de l’énergie qui seront applicables à d’autres endroits. Il sert aussi la volonté de la Ville de Lac-Mégantic de se relever de la catastrophe ferroviaire qui l’a frappée en 2013 en devenant un pôle d’innovation technologique. »

Les ingénieurs de demain : transdisciplinaires et bons communicateurs

Le partenariat de longue date entre Hydro-Québec et Polytechnique aide la société d’État à affronter ses enjeux tout en faisant bénéficier les futurs ingénieurs de son expertise, souligne M. Filion. « En 2021, nous avons accueilli 113 stagiaires de Polytechnique et embauché 109 nouveaux diplômés. Sans oublier les bourses d’excellence pour les étudiants et le soutien de l’Institut de l’énergie électrique, dont le siège est à Polytechnique. Côté collaborations de recherche, nous prévoyons investir environ 600 000 $ en 2022 dans des projets touchant la géothermie, la simulation de réseaux, la cybersécurité, les jumeaux numériques, etc. »

Quels types d’ingénieurs répondront demain aux besoins d’Hydro-Québec? « Nous rechercherons des profils diversifiés (notamment plus d’ingénieures) transdisciplinaires et aptes à s’adapter au changement. Ils devront pouvoir déployer les nouvelles technologies, tout en sachant soutenir et faire évoluer nos actifs de quelque 75 milliards construits il y a plus d’une quarantaine d’années et qu’il n’est pas envisageable de remplacer du jour au lendemain. Ils devront aussi se montrer de bons vulgarisateurs techniques pour amener la population à modifier certaines de ses habitudes afin de participer à la transition énergétique. Autrement dit, nous allons avoir besoin d’ingénieurs prêts à aider le Québec à donner en héritage, à ses générations futures, une société décarbonée et économiquement performante. »

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