« On a un besoin croissant d’ingénieurs qui comprennent les enjeux financiers des organisations ainsi que les enjeux technologiques du monde financier en pleine transformation numérique, mais aussi les caractéristiques de la finance durable », observe la P^re Nathalie de Marcellis-Warin, responsable académique de Polyfinances et présidente-directrice générale du Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO).

UNE DÉCENNIE D’ACTIVITÉS

Polyfinances, qui a célébré ses 10 ans l’automne dernier, a été créé à l’initiative de Thierry Warin, à l’époque professeur au Département de mathématiques et de génie industriel et aujourd’hui professeur en affaires internationales à HEC Montréal. L’objectif était alors de répondre à la demande en hausse du secteur financier pour les ingénieurs spécialistes de la science des données. Un conseil d’administration composé de représentants du secteur financier du Québec et de l’international (dont un ancien numéro 2 de la New York Stock Exchange) a été mis sur pieds.

Au fur et à mesure, des liens se sont naturellement noués avec plusieurs domaines d’expertises de Polytechnique recherchés par les institutions financières pour relever les défis liés à la cybersécurité, les chaînes de blocs ou la transition énergétique, notamment. Ouvert aux étudiants et étudiantes dès la troisième année du baccalauréat, le parcours leur permet d’apprendre les principes de la finance d’entreprise et de la finance de marché, ainsi que l’analyse des forces et faiblesses d’une entreprise technologique, en tenant compte de son environnement économique et commercial. Il les initie au traitement des données financières et à l’utilisation des algorithmes pour le secteur financier, ainsi qu’aux nouvelles méthodologies utilisées en science des données et en intelligence artificielle.

MISE EN PRATIQUE CONCRÈTE DES CONNAISSANCES

Cette formation inclut les cours suivants : Technologies et concurrence internationale, Analyse financière industrielle et Technologies financières pour les ingénieurs. Deux de ces cours sont donnés par Robert Normand, directeur de projets au CIRANO, qui a aidé à la mise en place d’un comité de placement pour la gestion du portefeuille de PolyFinances. Ce portefeuille atteint aujourd’hui une valeur proche de 80 000 $ (contre 50 000 $ au départ).

« Les Polyfinanciers doivent utiliser leur bagage technique pour développer des solutions aux nombreux enjeux liés à la gestion de ce portefeuille, comme la gestion du risque et l’investissement responsable. Ils présentent leurs recommandations d’achat et de vente devant le comité de placement où siègent des professionnels du secteur qui jouent le rôle de mentors », indique la P^re de Marcellis-Warin. Les partenaires confient chaque année des mandats aux étudiants de Polyfinances.

Chaque année également, un « campus international » propose aux étudiants de visiter une place financière (New York, Londres, San Francisco, Zurich, etc.) pour étudier un aspect particulier de la finance, par exemple la technologie financière, le capital de risque, etc. et cette année la finance durable.

« Ce parcours est unique au Québec. Il forme des ingénieurs capables de prendre des décisions stratégiques à la frontière entre la finance et la technologie, estime la P^re de Marcellis-Warin. Nous avons le projet de l’enrichir en le transformant en orientation thématique ou en microprogramme. Nous souhaitons également créer une salle des marchés qui s’appuierait sur les expertises de Polyfinances en science des données, et pour cela nous recherchons des partenaires pour la financer. » Avis aux représentants du monde de la finance qui souhaitent se rapprocher du monde du génie!

P^re Nathalie de Marcellis-Warin, responsable académique de Polyfinances et présidente-directrice générale du Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO).