C’est un fait : les opérations pyrométallurgiques font partie des activités industrielles les plus polluantes sur terre. La sidérurgie à elle seule est responsable d'environ 7 à 8 % (en volume) de toutes les émissions anthropiques chaque année. La plupart des procédés utilisés actuellement (tels que les hauts fourneaux, les cellules d'électrolyse Hall-Héroult, les fonderies de cuivre, etc.) ont été développés au cours du siècle dernier par de brillants scientifiques et ingénieur.es qui voulaient faire progresser la société. Malheureusement, les contraintes imposées à leur innovation à cette époque étaient motivées par l'économie et la productivité, dans un monde considéré comme ayant des ressources naturelles infinies.
Nous réalisons maintenant que cet ensemble de contraintes imposées au développement des procédés industriels a conduit à l'utilisation massive de réactifs bon marché et facilement accessibles, tels que des matériaux carbonés pour chauffer et réduire, de l'air pour oxyder, des carbonates pour produire du ciment ainsi que des oxydes et des sulfures pour extraire les métaux précieux. À cause de cela, le CO2, le SO2, le NOx et d'autres espèces gazeuses ont été rejetés dans l'atmosphère en quantités massives, conduisant à la crise climatique actuelle.
En 2022, pouvons-nous encore contraindre nos brillants scientifiques et ingénieurs à prioriser l'économie et la productivité en espérant qu'ils obtiendront des résultats différents ? Dans ce contexte, l'intelligence humaine et la créativité humaine devraient être utilisées pour définir de nouveaux ensembles de contraintes pour conduire des changements de paradigme dans la conception de procédés pyrométallurgiques plus écologiques.
Ce séminaire explorera les différentes actions et technologies qui pourraient être intégrées dans le futur pour réduire l'empreinte des activités pyrométallurgiques, avec un focus particulier sur la sidérurgie. Des outils de thermochimie computationnelle créés dans notre groupe (le Centre de recherche en thermochimie computationnelle) pour aider au développement de ces nouveaux procédés seront également présentés.
Biographie
Jean-Philippe Harvey est professeur agrégé au département de chimie de Polytechnique Montréal avec une expertise en sciences des matériaux et en thermochimie computationnelle. Il a commencé sa carrière universitaire dans le département en 2016 après son parcours en tant que boursier postdoctoral à CALTECH et Mcgill respectivement. Il détient actuellement une chaire philanthropique en sciences des matériaux à Polytechnique Montréal grâce à la famille Lecuyer. Cette chaire philanthropique porte sur le recyclage des métaux et du verre, ainsi que sur la valorisation de la chaleur résiduelle des procédés pyrométallurgiques. Il collabore également, via d'autres financements gouvernementaux, avec d'importants acteurs internationaux du domaine pyrométallurgique tels qu'ArcelorMittal, Constellium, Rio Tinto, Alcoa, Hydro-Aluminum et Elysis.
