Thibaut Lecompte
Maître de conférences à l’université de Bretagne-Sud
Laboratoire : LIMatB, Lorient, France
Le béton de chanvre est un mélange de chaux et de chènevotte destiné à la construction de bâtiments d’habitation. La chènevotte provient de la partie centrale (moelle) de la tige de chanvre.
Le béton de chanvre est actuellement soit formulé sur le chantier, soit mis en œuvre sous forme de blocs du commerce. Les atouts de ce matériau sont : de bonnes performances thermiques et acoustiques, une faible masse volumique, un faible impact environnemental. Les principaux freins au développement de ce produit sont le coût et de très faibles performances mécaniques (module d’Young de l’ordre de 20 MPa, résistance à la compression de l’ordre de 0.3MPa pour les blocs actuellement vendus)
Les travaux réalisés au LIMatB depuis maintenant une dizaine d’années, essentiellement expérimentaux, consistent à optimiser la formulation du mélange et l’utilisation du procédé de compactage pour réaliser des blocs à la fois porteurs et isolants thermiquement.
Le compactage va permettre de diminuer la quantité de chaux, qui est le composant le plus cher et impactant, tout en augmentant les propriétés mécaniques de notre matériau. Ce procédé va par ailleurs induire une anisotropie d’orientation des particules de chènevotte, et un comportement isotrope transverse du composite produit. De plus, la chènevotte est un matériau très poreux (masse volumique d’une particule ~260 kg/m3). En augmentant la fraction volumique de chènevotte, le composite pourra garder ses propriétés isolantes tout en augmentant sa capacité portante. Les récents travaux de thèse soutenus au laboratoire par Pierre Tronet ont permis de donner des pistes de formulation et de mise en œuvre de ce matériau pour une résistance mécanique visée. Les blocs de chanvre, du fait de leur structure très poreuse, ne pourront jamais atteindre les résistances et rigidité d’un béton classique. En revanche leur comportement en compression est très ductile et très voisin de celui des mousses métalliques ou des bois très poreux comme le balsa. Les pistes actuelles de recherche portent sur la capacité de ce matériau à contreventer efficacement une paroi en ossature bois, voire à utiliser sa ductilité et sa viscoplasticité pour en faire un matériau parasismique.