Aujourd’hui, le milieu, autrefois sous-estimé en maladie cardiovasculaire, appert pour être un facteur de risque non seulement puissant mais aussi hautement modulable. Nous réalisons que la révolution industrielle a introduit des nano-agresseurs alimentaires (additifs industriels) et aériens (combustibles fossiles) auxquels nos ancêtres pré-anthropocène n’étaient pas exposés.
Non seulement ces nano-agresseurs ont-ils une toxicité directe sur nos vaisseaux, provoquant athérosclérose, thrombose et dysfonctionnement du système nerveux autonome, mais ils induisent également les facteurs dits classiques soient hypertension, diabète, dyslipidémie et même obésité. La conjonction de ces nano-agresseurs aériens et alimentaires se potentialisent mutuellement et entrainent une « tempête cardiovasculaire parfaite », laquelle s’observe dans les sociétés émergentes reproduisant la révolution industrielle nord-américaine des années 50. On estime qu’au Canada (2008), les maladies attribuables aux causes environnementales ont couté plus de 9 milliards de dollars et ont causés plus de 20 000 décès excédentaires, dont les deux-tiers sont cardiovasculaires.
Par ailleurs, la présence de vert dans les cités diminue fortement l’impact des polluants et des fluctuations climatiques en hausse. On observe dans les milieux verts une diminution significative des évènements cardiovasculaires, particulièrement chez les populations défavorisées.
Au total, une cité cardio-protectrice se doit d’éliminer les nano-agresseurs aériens (émanations des combustibles fossiles), les nano-agresseurs alimentaires (additifs industriels nocifs) et viser une canopée urbaine optimisée avec transport actif et activités extérieures, en plus de réintroduire une biodiversité. Le Pr Salim Yussuf, sommité en épidémiologie cardiovasculaire de l’université McMaster, Ontario, disait : « Après tout la maladie coronarienne était rare avant 1830. Pourquoi ne pourrait-elle pas le redevenir en 2050? C’est le défi auquel nous faisons tous face! » La qualité de l’environnement fait partie de ce défi.
BIOGRAPHIE
Le Dr François Reeves est cardiologue d'intervention et professeur agrégé de médecine à l’Université de Montréal avec affectation conjointe au Département de santé environnementale. Il a été successivement chef des laboratoires de cathétérisme cardiaque de l'hôpital Notre-Dame, du CHUM et de la Cité de la santé et membre du Comité directeur du Réseau québécois de cardiologie tertiaire. Impliqué en recherche clinique comme chercheur principal dans 42 protocoles de recherche clinique en cardiologie d’intervention, il est auteur/co-auteur de plus de 130 publications et communications scientifiques. Depuis 2010, en parallèle avec la cardiologie d’intervention, le Dr Reeves consacre une partie de sa carrière à la cardiologie environnementale. Auteur de « Prévenir l'infarctus ou y survivre » chez MultiMondes et Éditions du CHU Sainte-Justine, il publie en 2011 « Planète Cœur, Santé cardiaque et environnement » qui introduit les concepts de cardiologie environnementale, augmenté et réédité en 2014 chez Greystone Books sous le titre « Planet Heart». Il travaille à l’élaboration d’une Chaire de cardiologie environnementale au Département de santé environnementale, maintenant intégré à la nouvelle faculté d’École de santé publique de l’UdeM.