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Des chercheurs de Polytechnique coopèrent avec l’Afrique

Engagement social

Par Virginie Ferland
10 décembre 2016 - Source : Magazine Poly  | VersionPDFdisponible (Décembre 2016)
10 décembre 2016 - Source : Magazine Poly
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Qu’il s’agisse de recenser le niveau d’adoption des technologies de l’information et des communications (TIC) dans les entreprises en Côte d’Ivoire, d’établir un modèle de prévision de la demande en eau résidentielle en Afrique du Sud ou encore d’analyser les impacts des changements climatiques et de la pression anthropique sur un bassin en Algérie, les professeurs Mario Bourgault, Musandji Fuamba et Benoît Courcelles ont pris part récemment au programme de subventions pour la coopération en recherche entre le Canada et l’Afrique (SCR-CA). Financé par le centre de recherches pour le développement international (crdi), et géré par l’organisme Universités Canada, ce programme a été lancé en 2010, afin de favoriser la création de nouvelles collaborations entre le Canada et l’Afrique tout en ciblant les problématiques complexes qui touchent le continent africain. Au total, 52 projets ayant bénéficié chacun d’un financement jusqu’à concurrence de 40 000 $ ont été rendus possibles dans divers pays et dans diverses disciplines.

C’est dans la ville d’Abidjan en Côte d’Ivoire que les travaux de recherche des professeurs Mario Bourgault de Polytechnique Montréal et N’Doli Guillaume Assiélou de l’Université Nangui Abrogoua, se sont déroulés. Le projet : examiner le niveau d’adoption des TIC dans les petites et moyennes entreprises, identifier les freins à leur adoption et formuler des recommandations aux dirigeants d’entreprises et aux responsables politiques du pays.

Bien que le professeur Bourgault ait réalisé des recherches similaires au Canada par le passé, il admet s’être heurté à plusieurs défis au cours des deux années sur lesquelles s’est échelonné le projet, notamment à cause d’une logistique laborieuse : peu de documentation accessible, démarches administratives ardues auprès des intervenants, délais dans la collecte de données, etc. « Il y a beaucoup de choses que nous tenons pour acquises qui sont ancrées dans une tradition de recherche nord-américaine, mais qui ne le sont pas nécessairement en Afrique. Il faut accepter que certains volets d’un projet se fassent autrement », souligne le professeur Bourgault.

Malgré ces difficultés, il tient à préciser que cette expérience aura constitué une source d’apprentissage extrêmement riche, tant sur le plan du contenu scientifique et du volet opérationnel que d’un point de vue personnel. Un bagage nécessaire qu’il n’aurait pu acquérir aussi facilement sans côtoyer un chercheur natif de la Côte d’Ivoire : « Le Pr Assiélou m’a beaucoup aidé à comprendre les comportements et les modes de fonctionnement locaux, ce qui m’a permis de m’adapter rapidement. Si d’autres occasions du genre se présentaient, j’aborderais sans doute la recherche avec une meilleure prise en compte du contexte de réalisation, tant sur le plan matériel que social. »

Par manque de ressources et de subventions, et en raison de l’accès difficile aux données, la valorisation de la recherche en Afrique représente un défi de taille. C’est pourquoi la mise sur pied d’un programme comme le SCR-CA revêt une importance capitale pour renforcer les capacités en matière de recherche des organismes et des établissements africains. Si le projet fut bénéfique à maints égards pour le professeur Bourgault, il en fut de même pour son partenaire. « Le programme m’a permis de bénéficier de moyens subséquents pour effectuer ce projet sur la question vitale de l’adoption des TIC dans les PME ivoiriennes et de développer des compétences et un réseau d’acteurs et de décideurs qui me seront utiles dans mes travaux futurs pour accompagner la Côte d’Ivoire dans sa transformation numérique », mentionne N'Doli Guillaume Assiélou.

Au-delà des apprentissages mutuels dont ont tiré avantage les deux chercheurs, ce partenariat a généré plusieurs résultats intéressants pour la Côte d’Ivoire. À l’issue de plusieurs entretiens, ainsi que une enquête auprès de différents ministères et de 75 entreprises, les professeurs Bourgault et Assiélou ont pu dresser un portrait de la situation actuelle et ont bon espoir que l’étude réalisée portera ses fruits. Pour un pays qui se classe 115e sur 143 en termes d’utilisation des TIC par les organisations gouvernementales et les entreprises, l’implantation de ces technologies ne peut qu’aider à lutter contre la pauvreté en soutenant le développement économique de la Côte d’Ivoire. En sensibilisant les décideurs des milieux d’affaires et gouvernementaux, les deux chercheurs auront assurément permis d’insuffler un vent nouveau pour les Ivoiriens en matière d’adoption de technologies de l’information et des communications.


Le professeur Mario Bourgault de Polytechnique Montréal et le professeur N’Doli Guillaume Assiélou de l’Université Nangui Abrogoua.

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