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Profil d'entrepreneurs - Remindr : suivre la posologie grâce à la technologie

28 octobre 2016 - Source : NOUVELLES

Au moyen d’un boîtier intelligent et d’une application mobile, les entrepreneurs technologiques Victor Lambin Iezzi, Michel Gémieux et Philippe Guay aideront les personnes à mieux prendre leurs médicaments.

La prise d’un médicament prescrit selon la bonne dose et au moment approprié est essentielle au maintien ou au recouvrement de la santé d’une personne. Or, un nombre élevé d’individus éprouvent des difficultés à respecter une prescription ou à renouveler leurs médicaments lorsqu’ils sont épuisés, ce qui entraîne souvent des hospitalisations attribuables à des doses inadéquates ou des surdoses.

Par le biais de l’entreprise Remindr, trois entrepreneurs technologiques qui sont issus de Polytechnique Montréal comptent remédier à la situation. Le président Victor Lambin Iezzi, qui est étudiant au doctorat, diplômé au baccalauréat et diplômé à la maîtrise en génie physique, le directeur technique Michel Gémieux, qui est étudiant au doctorat en génie électrique et diplômé à la maîtrise recherche en génie électrique avec spécialisation en microélectronique, et le directeur informatique Philippe Guay, qui est diplômé en génie physique, développent présentement un boîtier intelligent et une application mobile qui serviront au rappel et au suivi de la prise de médicaments.                                             

Des rappels multisensoriels

Remindr consiste en un boîtier à peine plus gros qu’une boîte de mouchoirs. Ce boîtier portatif, qui intègre une pile rechargeable, un logiciel embarqué et un module de connexion à un réseau Wi-Fi, est doté de compartiments servant au rangement des pots de médicaments en format courant.

Au moment prévu de la prise d’un médicament, un bandeau translucide sur le côté du boîtier clignote en plusieurs couleurs pour attirer l’attention de l’usager. À l’intérieur du boîtier, le compartiment contenant le pot d’un médicament à prendre s’illumine, tandis que des lumières DEL indiquent combien de comprimés doivent être ingérés. L’utilisateur presse ensuite un bouton pour confirmer la prise du médicament.

« Selon des études, rappeler aux personnes qu’elles doivent prendre un médicament augmente de 70 % les chances qu’elles le fassent, indique Victor Lambin Iezzi. Une application mobile peut servir à rappeler à la personne qu’elle doit prendre un médicament, mais si elle n’est pas à la maison ou près de ses médicaments lorsqu’elle reçoit l’alerte, elle peut se dire qu’elle les prendra au retour. Or, il suffit d’un délai ou d’une distraction pour qu’elle oublie de le faire. »

« Le boîtier offrira une double fonction de rappel d’action à poser, avec ses voyants lumineux à l’extérieur et à l’intérieur, ajoute l’entrepreneur. L’approche favorise la prise de médicaments, mais aussi la responsabilisation de la personne : les lumières clignotantes l’inciteront à regarder à l’intérieur du boîtier et à prendre les médicaments. Également, le côté esthétique et le design épuré du boîtier font en sorte que la personne ne soit pas gênée de le laisser à la vue, ce qui favorise l’exposition aux alertes visuelles. »

Également, Remindr intègre une fonction d’avis de renouvellement d’une prescription lorsque la quantité de comprimés restants est basse, ainsi qu’une fonction de consultation de la liste de médicaments et des posologies en cours à partir d’un appareil en réseau, par le biais d’une liaison sécurisée. D’autre part, l’application mobile est vouée à la gestion de la prise des médicaments, tout comme à l’envoi d’avis aux parents, aux aidants, au pharmacien et au médecin d’une personne à propos du suivi de ses posologies ou d’une situation anormale.

Des bancs d’école…

Le projet des trois entrepreneurs technologiques de Remindr a vu le jour et progressé rapidement grâce aux activités d’enseignement et aux ressources disponibles à Polytechnique Montréal.

En 2015, Victor Lambin Iezzi et Michel Gémieux devaient réaliser l’atelier Créativité à votre portée dans le cadre du cursus de leurs études au doctorat. Durant un des cours, la professeure a demandé aux étudiants de former des équipes et de concevoir en dix minutes une idée pouvant aider les personnes âgées au quotidien.

« Ayant travaillé dans une pharmacie durant quelques années, j’étais fasciné par le temps fou que passaient les techniciens à préparer les médicaments, relate M. Lambin Iezzi. Aujourd’hui des machines peuvent automatiser des processus, mais généralement le travail est fait à la main. Je me suis demandé s’il était possible d’automatiser la prise de médicaments par les patients mêmes, à la maison, d’où l’idée d’un pilulier automatisé. »

Les deux étudiants auraient pu se contenter de remplir les obligations du cours, mais ils ont choisi de pousser leur réflexion plus loin : cette persévérance, à leur avis, a valu la peine. « Sur le coup, nous y avons travaillé à reculons parce que le projet avait un impact sur notre temps de recherche personnel, mais plus on creusait l’idée et qu’on en développait le potentiel, plus on constatait qu’on avait quelque chose », indique Michel Gémieux.

En creusant l’idée, MM. Lambin Iezzi et Gémieux ont constaté qu’il n’existait rien de tel sur le marché, notamment au Québec. Après avoir greffé à l’équipe Philippe Guay, un diplômé de Polytechnique que Victor Lambin Iezzi avait connu lors des études au baccalauréat, les entrepreneurs technologiques ont arrêté leur choix sur le concept de boîtier intelligent.

Les cofondateurs de Remindr soulignent à quel point les programmes académiques de Polytechnique Montréal, notamment ceux des études supérieures, ont contribué à leur caractère entrepreneurial. « C’est vraiment à la maîtrise que Polytechnique m’a permis de m’épanouir, que ce soit par l’équipement qui m’a permis techniquement d’être capable de faire des choses avec mes mains, par les occasions de voyages pour assister à des conférences, par la rencontre de gens, par la prise en charge d’un laboratoire… Ces étapes m’ont donné l’audace de me lancer en affaires sans avoir peur que ça ne fonctionne pas », explique Victor Lambin Iezzi.

« Polytechnique m’a appris à avoir une rigueur intellectuelle dont j’ai su profiter pour effectuer de la recherche ou développer un prototype, déclare Philippe Guay. Cette rigueur a un impact profond sur ma carrière professionnelle. »

…Au tableau d’honneur

Les cofondateurs de Remindr, au moment de l’entretien, poursuivaient le prototypage du boîtier et participaient à un marathon de programmation et de développement de technologies en santé. Or, leur projet a déjà retenu l’attention d’intervenants du domaine de l’entrepreneuriat, à en juger les récompenses obtenues lors des volets de la première série de concours Innovinc. du Centre d’entrepreneuriat Poly-UdeM auxquels ils ont participé en 2016.

Après avoir récolté le troisième prix du concours de définition de modèle d’affaires Innovinc. : Esquissez, qui était accompagné d’une bourse de 500 dollars, les entrepreneurs technologiques ont fait partie des gagnants du concours de définition de plan d’affaires Innovinc : Concrétisez, ce qui leur a valu une bourse de 3 000 dollars.

De la curiosité et de l’audace

Interrogés sur les caractéristiques de l’entrepreneur technologique qui contribuent à l’atteinte des buts et l’obtention de succès, les cofondateurs de Remindr font état d’une soif d’apprendre, d’un esprit d’initiative et de persévérance.

« L’entrepreneur technologique doit être multidisciplinaire et capable de faire de tout, estime Michel Gémieux. Il ne doit pas avoir peur d’essayer plein de choses, même si le risque de se planter est élevé. Un entrepreneur va au bout des choses, parfois un peu trop loin… Mais avoir essayé est quasiment plus important que d’avoir réussi. Il faut avoir de l’audace! »

Selon Philippe Guay, l’entrepreneur technologique se doit d’être très curieux, mais aussi d’être à jour face aux  évolutions constantes dans un domaine donné. « ll faut être à la fine pointe et s’inspirer de ce qui se fait ailleurs. Il faut filtrer l’information et se servir de notre flair pour en prendre les éléments les plus prometteurs et avant-gardistes », explique-t-il.

« Les entreprises en démarrage qui ont connu un succès retentissant étaient menées par des gens qui avaient une idée qui pouvait paraître un peu farfelue, mais qu’ils ont poussée à fond. Aujourd’hui, leurs entreprises valent des milliards de dollars et révolutionnent la vie de tous les jours. »

Enfin, Victor Lambin Iezzi croit que l’entrepreneur technologique doit avoir un désir d’apprendre en tout temps. « Il y a tellement de choses qu’on ne connaît pas lorsqu’on démarre un projet d’entreprise! C’est à la fois excitant et créatif… Être entrepreneur, c’est avoir le goût de se pousser au bout de ses limites : c’est beaucoup d’heures de travail et c’est épuisant, mais c’est vraiment gratifiant lorsqu’on voit que le projet prend vie et qu’on met son grain de sel dans la société. C’est stimulant de voir qu’on peut faire une différence ! »

Philippe Guay, Victor Lambin Iezzi et Michel Gémieux
(Crédit photo : Benoit Champagne pour le Centre d'entrepreneuriat Poly-UdeM)

 

En savoir plus
Centre d'entrepreneuriat Poly-UdeM
Page de site Soutien à l'entrepreneuriat
Site Internet de Remindr

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