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Dispositifs médicaux connectés : vision d’une médecin

Dossier Enjeux de sécurité dans l’Internet des objets

Par Catherine Florès
6 novembre 2017 - Source : Magazine Poly  | VersionPDFdisponible (Automne 2017)
6 novembre 2017 - Source : Magazine Poly
VersionPDFdisponible (Automne 2017)
Docteure Katia Dyrda, cardiologue

L’IdO se met aussi au service de la santé, par l’entremise des dispositifs médicaux implantés connectés : stimulateurs cardiaques, défibrillateurs, pompes à insuline, implants cochléaires… avec, à la clé, l’avantage d’un meilleur suivi médical et d’une meilleure qualité de vie des patients.

Un marché très réglementé

Le succès de la télémédecine n’est pas exempt de risques, comme l’a rappelé récemment le retrait de stimulateurs cardiaques commercialisés par l’entreprise Abbott, qu’une faille de sécurité identifiée rendait potentiellement piratables.

« Contrairement au marché des produits grand public de mesure de données personnelles, comme les bracelets ou les balances connectés, celui des dispositifs et des appareils médicaux est extrêmement réglementé et contrôlé. L’épisode d’Abbott montre la vigilance des agences de santé et des fournisseurs d’équipements médicaux », commente la Dre Katia Dyrda, cardiologue électrophysiologue et directrice des cliniques externes de l’Institut de cardiologie de Montréal.

« Nous évoluons dans un cadre réglementaire efficace. Au fur et à mesure que les appareils évoluent, les exigences des autorités de la santé, comme Santé Canada ou la FDA aux États-Unis, augmentent tout autant », affirme-t-elle.

Protéger les données de santé, enjeu central de l’Internet des dispositifs médicaux

La protection des données de santé, en particulier, est un enjeu central dans l’univers médical. « Il y a l’aspect protection de la vie privée du patient et l’aspect intégrité des appareils à prendre en considération. On cherche autant à prévenir la modification des appareils que la perte, la contamination, la destruction ou le détournement des données médicales », précise la Dre Dyrda.

Celle-ci, qui détient également un diplôme d’ingénieure, collabore avec l’équipe du Pr José Fernandez à un projet étudiant les risques d’interférence pour les données électromédicales. « Aujourd’hui, un médecin ne peut pas contrôler un stimulateur ou un défibrillateur cardiaque à distance. Il lui est seulement possible d’obtenir à distance les données enregistrées dans l’appareil du patient et recevoir des alertes en cas de comportement anormal de l’appareil ou d’un événement rythmique vécu par le patient. Ce type de dispositif implantable n’est pas directement connecté à Internet, mais communique par radiofréquences ou Bluetooth. Pour le moment, les risques les plus fréquents concernent moins le vol que la communication de données faussées. Il est important d’empêcher les interférences causées, par exemple, par le champ électromagnétique d’un objet placé à proximité du patient lors de la transmission des données, car elles peuvent injecter du bruit et fausser les données. »

Perçoit-elle une inquiétude chez ses patients porteurs de dispositifs médicaux implantables concernant l’intégrité de leurs données ? « Même s’ils savent qu’en santé, le risque zéro n’existe pas, pour la majorité, ils estiment que les bénéfices des innovations compensent largement les risques ! Ils font très généralement confiance au système hospitalier. L’éthique du secteur médical au Canada est assez bien protégée de la pression du marché. Devant eux, les médecins voient en premier lieu des patients à traiter, pas des produits. »

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